Un peu photographe, un peu curieux, surtout passionné…
Ce lieu n’est plus un spot urbex depuis l’année 2024 ! Il est donc inutile de s’y rendre et de l’explorer. Respectez le travail des nouveaux propriétaires qui rénovent actuellement le lieu. Soutenez-les dans leur projet qui permet au patrimoine français de revivre.
Dès le premier pas, je jubile. Les herbes sont hautes et je m’y enfonce avec délice. Hautes jusqu’à mi-cuisse, elles envahissent l’espace devant le château. Je ne saurai l’écrire fidèlement, mais cela me renvoie à des souvenirs d’enfance. Quand nous randonnions allégrement sur les sentiers alpins, auvergnats ou creusois, quand la moindre heure passée loin de la civilisation prend le goût de l’aventure et de l’extraordinaire, quand l’imaginaire enfantin emmène dans des contrées inconnues… Mais c’est aussi un moyen de se rassurer. Le lieu “abandonné” l’est vraiment. Pas d’entretien, donc pas de gardien.
D’emblée, nous comprenons que le domaine est assez grand. Château, dépendance, écuries, étables et terrain en friche. L’entrée est facile, encore une fois. Je ne cesserai d’en être étonné. Petit tour d’horizon rapide comme toujours, mais celui-ci révèle une structure bien étrange. Comme des rajouts successifs, des demi étages, des vides sanitaires… J’explore tranquillement, le temps que ma batterie revienne à elle. Et je découvre des papiers peints à motifs, des couleurs vives sur une couche qui déjà s’écaille, des murs dont les briques s’échappent presque… Le soleil vif et brûlant de juin créer de beaux contraste. C’est parti, je sors trépied et appareil.
Ma déambulation n’a rien d’ordonné tant l’architecture et l’ordonnancement des pièces me perturbe quelque peu. J’y vais au feeling. Ici, une lumière particulière, là un mur qui s’effrite, au fond, l’œuvre d’un artiste dont le style fais agiter quelque chose dans ma mémoire, là-bas une porte condamnée, en bas, des ronces qui pénètrent dans la bâtisse. Encore une fois, je me coupe du monde, des problèmes, des informations anxiogènes, des futilités du quotidien, et je photographie. Je regarde. Mes yeux et mes sentiments du moment ont récupéré tout la mémoire vive disponible de la machine. Le reste passe au second plan.
Aucun élément personnel dans le château, pas de nom, pas de photos. Oui je sais, la curiosité est un vilain défaut. Mais j’aime tant effleurer du doigt la petite histoire, celle des habitants qui vécurent dans les murs, quelque fut l’époque. Ils ont façonné les bâtiments, les pièces, les murs ont entendus des secrets, les miroirs ont vu des choses… Banales ou tragiques, peu importe. On laisse tellement peu de traces après la mort qu’un simple mot me semble déjà être une découverte monumentale. Mais au château Barja, rien. Peut-être que cet outil formidable qu’est Internet me permettra d’en apprendre plus. Patience.
Renseigné par un autre explorateur, Tim nous conduit en bordure de la propriété. Nous longeons un mur pendant plusieurs centaines de mètres pour découvrir enfin une petite salle de bal ou de fête. Perdu au milieu de l’hectare de terrain, cette toute petite bâtisse m’apparaît comme une oasis au milieu du désert. À l’intérieur, les murs bleus, confirmant ainsi l’usage festif du lieu, contrastent fortement avec le vert extérieur. Cet ensemble dans la lumière estivale est hypnotique. Quelques clichés pendant que j’imagine les fêtes, parties fines ou autres rencontres qu’a pu voir la salle.
Repartis à l’opposé du terrain, nous laissons le château et explorons les écuries, étables, garage et pigeonnier. Rien de très transcendant… Une voiture sous un hangar, une brouette qui traîne. Mais dans la maison de garde, à l’étage, quelques vieux papier et cahiers d’école me renseignent sur une vie passée. Que sont-ils devenus aujourd’hui ? Sont-ils à l’autre bout du monde ou dans les environs ?
Je ne peux m’empêcher de penser à eux, à leur vie au château. Propriétaires ou personnel de maison, cette période fut-elle heureuse pour eux ? Triste ? Les retrouver, retracer leur histoire, même sans la dévoiler, serait alors une sorte d’accomplissement. Choisir un fil de l’histoire, tirer dessus pour voir ce qui vient, enquêter puis savoir enfin… Voilà une quête passionnante !
Nous laissons le Château Barja derrière nous et tandis que la chaleur de Juin meurtri nos corps dans la voiture, j’espère plus que jamais une nouvelle vie pour le domaine. Son histoire, ses occupants, sa prestance, ses murs et recoins le méritent tant !
Un peu d'histoire
En bordure d’un beau terrain de plus d’un hectare, le Château Barja semble avoir été construit au XIXe siècle. Cependant, les propriétaires successifs ont rajouté ailes, combles, pavillons ou dépendances créant ainsi un mille-feuille qui s’éloigne de l’original. Les caractéristiques de la bâtisse et du terrain font rêver mais au final peu d’informations sur l’histoire du château ou ses différents propriétaires. Souhaitons lui un bel avenir dans la rénovation ou la reconstruction. En effet, les années d’abandon ravagent l’ensemble du Château.
Ne cherchez pas d’infos de localisation ou une partie histoire détaillée sur ce lieu, je n’en donnerai pas ni n’en publierai tant que le Château Barja sera abandonné. Respectons-le pour la vie qu’il accueillit jadis, pour les gens qu’y vécurent et pour son éventuelle future vie (destruction, réhabilitation…).