Château Nonnon (03/2024)
Dans ces coins de France, les villages se succèdent et se ressemblent. Une route et des maisons autour, une école, une mairie, parfois les deux en même temps. Et puis les plaines et l’horizon. Seuls les rideaux bougent, quand une voiture passe. On ne voit personne ou alors si peu. Et les kilomètres s’enchaînent.
C’est dans un de ces banals villages que nous nous garons, derrière le château d’eau et le stade de foot. Immatriculé dans un autre département, je sais d’ores et déjà que nous sommes repérés. On ne s’arrête pas ici sans raison. Un chien aboie, un voisin tond sa pelouse, un autre bricole. Bruits de la vie quotidienne dans la France profonde. Cette France que l’on oublie trop souvent mais la France tout de même. Pas trop loin de la mairie et de l’école, trône un château abandonné. Nous entrons rapidement dans la première dépendance.
C’est sombre, assez tortueux et vidé de ses meubles. Seuls les tapisseries ou papiers peints pourraient nous donner une petite indication. Des restes de chambres et de salles de bains à l’étage, qui sert également de passage pour passer d’une partie à l’autre de ce bâtiment. Étrange. Dans une sorte de salle de stockage, nous découvrons une pancarte. Restaurant gastronomique. « French cooking » en anglais. La forme un peu spécifique du numéro de téléphone ne me dit rien. Cela remonte donc avant 1996 et le lancement des dix chiffres. Peut-être encore avant si mes recherches sont bonnes. Ici, je remarque 6 chiffres dont 2 entre parenthèses au début : (xx) xx xx xx. Voyage dans le temps garanti. Le restaurant devait donc en être à son heure de gloire entre 1950 et 1980 environ. C’est dingue ce qu’un petit numéro de téléphone peut nous apprendre.
On se sépare et T. part en éclaireur pour aller voir le château. G. le suit. Je les attends dans le calme, concentré sur les bruits, si rares, de la ville et le chant des oiseaux. Le soleil se montre parfois timidement entre deux nuages. De retour, G. me signale avoir perdu la trace de T. Et celui-ci ne répond pas. Rien de grave, il a trouvé son accès et doit déjà être en train de photographier. G. et moi tournons autour du château. Et l’autre qui ne répond pas. Finalement, un peu d’escalade par une fenêtre et voilà. Puis T. pouffe de rire en disant : « il suffisait de passer par la terrasse ».
Tout comme la dépendance, le château est vide. Seuls les papiers peints et les peintures pourraient parler. Sinon, rien. Je ne sors même pas mon appareil et mon contente de mon portable. Comme c’est vite fait, je me pose dans un coin en attendant mes camarades. Le soleil sur la peinture qui craquèle avance doucement, minutes après minutes. Les oiseaux, au paradis, donnent de la voix dans ce refuge naturel.
Et dans ce monde de brutes, où l’humain préfère s’entretuer, je profite du calme. Mes pensées s’évadent. L’enfance, les vacances, la famille, papa, l’adolescence, les premiers amours, ma propre famille… Tout cela tournicote comme un bouillon dans la casserole. Mais j’apprécie être seul pour quelques minutes. En réalité, là est le trésor en 2024. Pour quelques instants, pas de notifications, pas de messages, pas d’information inutile. Juste le temps qui passe.
Un peu d'histoire
Rien ! SI ce n’est que ce château fut à une époque, un restaurant ainsi qu’un hôtel vraisemblablement. Soyons patients.
Ne cherchez pas d’infos de localisation ou une partie histoire détaillée sur ce lieu, je n’en donnerai pas ni n’en publierai tant que le Château Nonnon sera abandonné. Respectons-le pour la vie qu’il accueillit jadis, pour les gens qu’y vécurent et pour son éventuelle future vie (destruction, réhabilitation…).