Le sanatorium n°4972 (10/ 2021)

Sanatorium No. 4972

Since our first attempts at light painting with T., we’ve been burning to start again. This technique has the ability of sublimating abandoned places, giving them new life, new lighting. The light projected by the drone, beyond its traffic lights, is like magic. In one of the photo on the left, it looks like the hallway floor is backlit.

This time, T. tells me about an old sanatorium, with corridors more than a hundred meters long. Ideal for our tests with the drone.

We drive for an hour at the end of the evening and while the night is dark, we park not far away. But you have to walk, facing the forest with a headlamp, then suddenly turn right into the brush. I’m scared. It seems strange to me that the night is so dark when big cities are nearby. But there is darkness. My heart rate increases… Finally arrived, we cross the small perimeter wall, to realize that two meters further, it’s collapsed.

The building reveals itself slowly in the dark. We enter and walk through the huge corridors. I remain cautious… it is however not the first time that I have visited an abandoned place at night. But Sanatorium No. 4972 is impressive.

Arriving in the old refectory for a first long exposure photo, we suddenly hear footsteps… We call… Nothing. This does not help my anxiety, when finally we meet other groups of visitors. The atmosphere relaxes immediately.

After our long exposures indoors, we try outside in front of the. But the drone can’t chase away the darkness, and without a remote control to use the Bulb mode of my camera, our thirty little seconds are very meager. Finally, when editing, Photoshop will help me a lot!

Returning at the motel after midnight, we slept for a few hours and left the next morning in a thick fog. The region is calm on this Sunday morning, only the hunters are out. Driving, we reach the heights of the neighborhood and the fog disappears, showing a bright sun. It’s magical, the valley sleeps in the fog and the peaks warm up in the October glow. Behind the wheel, I enjoy it as much as I can. T. enjoy the view on the passenger side and films.

Back at sanatorium n°4972, we finally choose a faster and safer access. The area still seems a bit crowded: cyclists, hikers, photo club… The atmosphere is completely different. The early sun illuminates the building with white, yellow and orange, the forest is silent… like a respectful bow to the place. While T. is having a blast with the drone, I walk through the corridors, bedrooms, bathrooms, consultation rooms. On the second or third floor, a puddle of water initiates a quite remarkable set of reflections. I sit down, then lie down and take the time to manage the settings of my camera. I feel like the hallway is all my own.

We finally end with some shots on the roof. Strange little black structures emerge from the ground. I am surprised and T. shows me a photo of the sanatorium in operation. The roof is V-shaped and we actually observe the collectors or drains.

Little story
This place is known to have been a place of administrative internment during the Second World War. Professionally, I am working on a memory tour for my town, and elected officials were locked up there before their deportation to Auschwitz. Coming to this place was therefore doubly important for me. In our daytime exploration with T., we find the memorial. But to my surprise, the names do not appear there. One man is listed as mayor, error, and two others are listed as shot at Mont Valérien. This is excellent information that I could use in my work. The crossroads of History(ies)…

Depuis nos premiers essais de peinture lumière avec T., nous brûlons de recommencer. Cette technique a le don de sublimer les lieux abandonnés, de leur donner une nouvelle vie, un nouvel éclairage. La lumière que projette le drone, au delà de ses feux de signalisation, est comme magique. Sur la photo de gauche, on dirait que le sol du couloir est rétroéclairé.

Cette fois, T. me parle d’un ancien sanatorium, aux couloirs de plus de cent mètres de long. L’idéal pour nos essais avec le drone.
Nous roulons un petite heure en fin de soirée et alors que la nuit est noire, nous nous garons pas loin. Mais il faut marcher, affronter la forêt à la lampe frontale, puis d’un coup obliquer sur la droite dans les broussailles. Je n’en mène pas large. Il me semble étrange que la nuit soit si noire alors que des grandes villes sont proches et que la pollution lumineuse est fréquente. Mais là, ce sont les ténèbres. Mon rythme cardiaque augmente… Enfin arrivés, nous franchissons le petit mur d’enceinte, pour nous apercevoir que deux mètres plus loin, il est effondré.

Le bâtiment se révèle très peu dans l’obscurité. Nous entrons et parcourons les immenses couloirs. Je reste prudent… ce n’est pourtant pas la première fois que je visite un lieu abandonné de nuit. Mais le sanatorium n°4972 est impressionnant.
Arrivés dans l’ancien réfectoire  pour une première photo en pose longue, nous entendons tout à coup comme des pas… Nous appelons… Rien. Cela n’arrange rien à mon état d’angoisse, quand enfin nous croisons d’autres groupes de visiteurs. L’atmosphère se détend immédiatement.

Après nos poses longues en intérieur, nous essayons dehors devant la structure si caractéristique du bâtiment. Mais le drone ne parvient pas à chasser les ténèbres, et sans télécommande pour utiliser le mode Bulb, nos trente petites secondes sont bien maigres. Finalement, lors de la retouche, Photoshop et Affinity Photo m’aideront bien !

Rentrés après minuit, nous dormons quelques heures et repartons le lendemain matin dans un brouillard épais. La région est calme en ce dimanche matin, seuls les chasseurs sont de sortie. En roulant, nous atteignons les hauteurs du coin et le brouillard disparaît pour laisser place à un soleil éclatant. C’est magique, la vallée dort dans le brouillard et les sommets se réchauffent dans la lueur d’octobre. Au volant, je profite autant que je peux ; T. se régale du côté passager et filme.

De retour au sanatorium n°4972, nous choisissons finalement un accès plus rapide et sûr. Le coin semble tout de même un peu fréquenté : cyclistes, randonneurs, club photo…
L’ambiance est complètement différente. Le jeune soleil éclaire le bâtiment de blanc, jaune et orange, la forêt est silencieuse… comme une révérence faite au lieu. Tandis que T. s’éclate au drone, je parcours les couloirs, chambres, sanitaires, salles de consultations. Au deuxième ou troisième étage, une flaque d’eau amorce une jeu de réflexions tout à fait remarquable. Je m’installe, m’allonge et prends le temps de gérer les réglages de l’appareil. J’ai comme l’impression que le couloir est à moi seul.
Nous finissons enfin par quelques clichés sur le toit. D’étranges petits structures noires émergent du sol. Je m’en étonne et T. me montre une photo du sanatorium en activité. Le toit est en V et nous observons en fait les collecteurs ou bouches d’évacuations.

Petite anecdote. Ce lieu est connu pour avoir été un lieu d’internement administratif pendant la Seconde guerre mondiale. Professionnellement, je travaille à un parcours de la Mémoire pour ma commune, et des élus y furent enfermés avant leur déportation à Auschwitz. Venir en ce lieu était donc doublement important pour moi. Dans notre exploration diurne avec T., nous trouvons la stèle commémorative. Mais surprise, les noms n’y figurent pas. Un homme est indiqué comme maire, erreur, et deux autres sont indiqués comme fusillés au Mont Valérien. Voilà une excellente information que je pourrais utiliser dans le cadre de mon travail. La croisée des Histoire(s)…

Deuxième visite (11/2021)

En ce dimanche matin, alors que je retourne au sanatorium n°4972, j’espère y photographier les lieux au lever de soleil. Ce sera finalement, dans la brume.
Une ambiance calme et étrange flotte sur les bâtiments. Le brouillard ne me permet pas de voir la fin et le bout des couloirs. Les vitres ayant disparu, le brouillard s’est insinué à l’intérieur, rajoutant un voile sur l’ensemble. Et pour une fois, j’apprécie de ne voir le sanatorium que par petites touches. La dégradation des lieux, les infiltrations de la pluie, les courants d’air sont alors plus présents, plus palpables. Des ambiances sonores apparaissent et procurent un autre niveau de découverte sensorielle.
Nous entendons bientôt des voix et découvrons des pratiquants d’airsoft se préparant à leur partie dominicale. Nous nous signalons puis terminons notre visite. Nous nous dirigeons alors vers le jumeau du sanatorium n°4972.

Dans ce deuxième sanatorium, les lieux sont paradoxalement plus vivants, plus présents. Il reste des habillages, bardages, armoires et étagères en bois. Dans les couloirs interminables, les portes en bois sont encore présentes.
Tout à coup, j’ai l’impression d’être passé de l’autre côté du miroir, dans un monde parallèle. Les emplacements sont inversés, la salle de spectacle possède encore ses draperies, l’ascenseur est pratiquement intact et pourrait presque repartir comme au premier jour. Seule sa chaîne, entraînant la cabine, paraît bien frêle pour un tel office.
Des messages sur les murs laissent une trace des passages récents ou plus anciens. Il s’agit surtout d’amour… Bizarre pour un lieu abandonné. L’homme ne cessera de vouloir laisser sa trace sur Terre, d’une façon ou d’une autre…
Terminant notre visite, nous restons vigilants, le lieu est en cours de réhabilitation et semble gardienné. Comment mener à bien un tel projet sur un lieu si détruit, si abîmé par les ans et l’humidité ?

LIRE/VOIR
– Le lieu, visité et documenté par Glauque Land

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Urbex - Sanatorium