La tapisserie n°35 (2015)
Tapestry n°35
I learned the existence of this abandoned tapestry by pure chance. A German friend, who knows the region much better than me, told me about it at the end of a hot summer afternoon. Plans were made to explore it the next day.
On site, no need to break something or searching for a hidden entrance, we get the keys by the mayor. So my friend seems to be well connected.
We enter… And quite shocked, we discover huge looms still standing there and full of wool. Maybe are they waiting for an upholsterer to came back and using them once again.
The next floor is also full of machines. Silent beasts. The walls are covered with little racks covered with colored wool rolls. It’s like a mosaic. The harsh light of sun have made its work and discolored the rolls, but they are still well preserved.
The third and last floor is the most beautiful, also the greater and paradoxically the liveliest of the three. In a little room, boxes with documents. A quick search reveals that the last operation of the tapestry was in 1992. I do not dig further… Somehow embarrassed. This is my first urban exploration.
In the bathroom, spiders and their webs have reigned for twenty-three years now. The soap is still there, worn out, alone. In the corner of the mirror, a small faded photo of Paul Newman watches the time passing by. Who put it here ? It looks like a talisman, like those posters in teenagers rooms. A kind of comfort sight before returning to work.
Exploring this tapestry acts on me as a trigger. Why can such a place remain like this, abandoned ? And in this case, known to the authorities. Where are the upholsterers who spent part of their lives there? Do they remember?
C’est par un pur hasard que j’apprends l’existence de cette tapisserie abandonnée. Un ami allemand, qui connaît la région bien mieux que moi, m’en parle à brûle pourpoint autour d’un goûter, à la fin d’une après-midi d’été. Nous décidons d’y aller dès le lendemain.
Sur place, pas d’effraction ni d’entrée interdite, nous obtenons les clés tout à fait légalement. Mon ami a, semble-t-il, le bras long.
Nous entrons… Et tout étonnés, nous découvrons que les immenses métiers à tisser sont encore là et pleins de laine. Ils semblent attendre sagement qu’un tapissier revienne les utiliser. Le deuxième étage est comme le rez-de-chaussée, rempli de ces machines., comme d’étranges bêtes silencieuses. Sur les murs, des navettes et rouleaux de fils colorés sont encore là. Le soleil a fait son œuvre mais ils sont étonnamment bien conservés.
Le troisième et dernier étage est le plus intéressant, le plus fourni et paradoxalement le plus vivant. Dans un débarras, des cartons m’apprennent que la dernière année d’exploitation de la tapisserie semble avoir été 1992. Je ne fouille pas plus… quelque peu gêné. C’est ma première exploration urbaine.
Dans les sanitaires, les araignées et leur toiles règnent en maîtresses depuis vingt-trois ans. Le savon est encore là, usé, seul. Et dans le coin du miroir, une petite photo décolorée de Paul Newman regarde le temps passer. Qui l’a positionné là ? Une ouvrière ou un ouvrier ? On dirait une sorte de talisman, comme ces posters dans les chambres d’adolescents. Une sorte de réconfort afin de retourner à l’ouvrage.
La visite de cette tapisserie agit sur moi comme un déclencheur. Pourquoi un tel lieu peut-il resté comme ça à l’abandon ? Et dans ce cas, de façon connue par les autorités. Où sont les tapissier(e)s qui y passèrent une partie de leur vie ? S’en souviennent-ils ?
Ne cherchez pas d’infos de localisation ou une partie histoire détaillée sur ce lieu, je n’en donnerai pas ni n’en publierai tant que la tapisserie n°35 sera abandonnée. Respectons-la pour la vie qu’elle accueillit jadis, pour les gens qu’y travaillèrent et pour son éventuelle future vie (destruction, réhabilitation…).