Thermes Verts (06/2022)
Comment écrire le récit d’une exploration urbaine qui ne m’a pas marqué ? Comment raconter l’indifférence totale que m’a laissé ce lieu ? Voici un bel exercice de style et d’écriture. Promis, je ne serai pas long.
Après deux bonnes heures de route, nous stationnons notre fidèle véhicule dans une rue dont la pente doit frôler les 10%. La nuit, chargée d’orage et de précipitations, a laissé le sol glissant, les végétaux ruisselants et une fraîcheur presque arctique dans l’atmosphère. Équipé de mes chaussures de marche, toutes rafistolées de gaffer, je marche puis je grogne soudainement lorsque je sens l’eau s’infiltrer dans mes chaussettes…
Tout près du lieu, nous laissons passer quelques touristes afin de nous assurer une entrée discrète puis passons le portail. Pendant une bonne dizaine de minutes, nous tournons dans les hautes herbes mouillées afin de dénicher une entrée. Par la cave ? Non, le bruit d’une rivière souterraine et l’étroit passage nous rebutent. Par la gauche ? Non plus, le passage est en escalier et dangereux. Ce sera par la droite et une porte à peine fermée. Mais toujours discrètement. Les voisins sont à dix, vingt mètres, à peine.
Une fois rentrés et nos lampes torches allumées, nous tentons d’éviter les fenêtres cassés et autres débris au sol. Avec une grande précaution, j’emprunte l’escalier derrière mon camarade et soupire de soulagement en apercevant une lumière en contrebas. Enfin, voilà ces fameux Thermes verts.
Et là, en fait, je ne ressens rien. L’espace est minuscule, surement moins de cent mètres carrés, très restreint et tortueux. Une rivière souterraine humidifie l’atmosphère, une sorte de dépôt étrange et orange occupe chaque recoin. À part le carrelage (motifs floraux et vert puissant), le reste des lieux est vide, détruit, sans mobilier… Tandis que Tim s’extasie et furète partout, je traîne, déçu de ce que j’aperçois. Je fais tout de même quelques clichés, sans doute plus pour me souvenir qu’autre chose.
Au vu de l’exiguïté des lieux, la possibilité des angles de vue reste très restreinte. Aussi, les explorateurs précédents ont tous pris le même cliché et en ont abreuvés les réseaux sociaux. J’ai donc vu et revu ces Thermes verts avant même d’y pénétrer. Essayant toujours de ne pas me laisser influencer par le travail des “collègues”, j’avais réussi jusqu’à présent. Car on n’est jamais le premier quelque part et dans des espaces immenses, comme le Château Mautiffe, les options photographiques sont innombrables. Mais là, impossible. Par la force des choses et des lieux, je refait la même chose. Mouarf…
Je me pose dans un coin, range mes affaires tout en réalisant que même l’histoire des lieux de m’intéresse pas. J’attends de ressortir et la prochaine exploration avec impatience.
Ne cherchez pas d’infos de localisation ou une partie histoire détaillée sur ce lieu, je n’en donnerai pas ni n’en publierai tant que les Thermes verts seront abandonnés. Respectons-les pour la vie qu’ils accueillirent jadis, pour les gens qu’y vécurent et pour leur éventuelle future vie (destruction, réhabilitation…).